« Dans un livre qui n’est pas un recueil de poèmes, mais l’évocation d’un lieu, La Vallée des Merveilles, Jean-Pierre Spilmont a écrit un véritable ‘Art poétique’. Quand il parle de cette montagne où des bergers gravèrent , il y a quatre mille ans, des milliers de figures, il parle tout simplement de la poésie, de sa signification, de ses enjeux. […]. Aimer l‘œuvre d’un poète amène à y accéder par diverses « entrées ». La Vallée des Merveilles est ma préférée. Elle fait de Jean-Pierre Spilmont un berger de tous les temps et de partout : du mont Bego, de Savoie, d’Ouessant, de Lozère. Un homme en proie au mystère de la fragilité et de la durée. Un poète qui, avec inquiétude et émerveillement, laisse une trace dans les pierres».

Michel Besnier, Aube Magazine, N° 40, 1990


« Ce serait donc l’histoire d’un homme. Rien qu’un homme qui cheminerait sur une route. A moins qu’il ne soit tel enfant longeant la plaie où le monde s’est un jour déchiré. Il y aurait des arbres nus, des rochers, des corps aussi, comme douloureux de s’être offerts apeurés, au songe des caresses. Et cet homme regarderait. Bien sûr il te ressemblerait et, pour une fleur cueillie sur un dôme de marnes ( te souviens-tu, c’était devant nous la courbe d’un sein cependant que nous rêvions tout haut de disparaître là, frôlant éternellement cette terre pareille au ventre à peine bombé d’une femme… ), pour une parole soudain tandis qu’il en allait d’être du parti de la tendresse, cet homme me rappellerait qu’il ne faut pas céder. Malgré les pluies. Les gels. Malgré l’envie de tout laisser fuir, grain de sable trop lourds au maintenant entre les doigts qui voulurent s’y noyer. »

Lionel Bourg, Aube Magazine, N° 40, 1990


« Avec Jean-Pierre Spilmont, quelle que soit l’envolée, l’amplitude du souffle, nous ne sommes jamais loin de nos sols, de nos chemins. « L’idée-chair » dont il parle si fortement dans un de ses premiers recueils, L’Orée, la déchirure, affirme une alliance, une sensibilité dont il ne se départira jamais. Les chemins de Jean-Pierre Spilmont s’élèvent sans s’égarer; ses silences s’emplissent d’échos sans se disperser. Nous traversons avec lui des espaces fertiles; nous rencontrons des êtres, un visage : « comme un labour, comme une étrange nuit, comme un arbre… ». Il faut non seulement lire les mots de Jean-Pierre Spilmont, mais encore les vivre. Il faut les laisser nous imprégner, nous animer; ce sont de solides et rigoureux compagnons.»

Andrée Chedid, Aube Magazine, n°40, 1990


« Jean-Pierre, je t’écris dans un jardin peuplé de roses trémières et de cosmos. Cette fleur au nom d’univers. J’ai planté mon regard sans humilité, avec beaucoup de désirs, sur la crête de Tirith Mir. 8000 mètres à escalader d’un seul mouvement de l’œil. Heureux dans ce paysage, je pense Balmat, ton »Balmat le minéralier », homme « mélangé aux fées » pour avoir obtenu d’elles la permission d’accéder à leur sphère, de trouer la barrière d’interdits qui protégeait le fait du Mont-Blanc. Je pense à tes mots de montagnard, rompus à l’ascension de l’espoir. Parce que tu es homme qui descend de la montagne avec les tables de la joie.»

Jean-Yves Loude, lettre de Chitral, Pakistan, Aube Magazine, n°40, 1990


« C’est en 1975 qu’a paru ce livre décisif et fondateur, L’autre je, chez Henri Fagne ( grand petit éditeur disparu auquel il faudrait un jour rendre hommage).Ce livre, par la répartition des mots sur la page, par les figures noires et blanches que créent les décalages et les espacements, par le rapport des italiques, des capitales et bas-de-casse, met en scène visuellement une déchirure de l’espace verbal, qui marque durablement le lecteur. Une expérience du dépouillement se déroule ici en direct et pratiquement, page après page. [...]. Les livre de Jean-Pierre Spilmont nous conduisent là et il nous faut, avec eux, y résister à l’illusion d’un en-dehors, d’un au-delà.»

Bernard Noël, à propos de “Vers un matin sans cicatrice”


« Jean-Pierre Spilmont, amoureusement et sans relâche, traque l’instant précis où cédèrent les glaces immémoriales des gisants d’avant la parole. A la rigueur des temps, il voudrait opposer le jaillissement du sens, instantané mais porteur de sa durée, de sa patience, et donc d’un futur. Dans ces étapes à peine inscrites sur la page, nul oubli de la violence biologique, de la sauvagerie voire de la rapacité primordiale, et donc une vraie loyauté. Proche encore de révoltes essentielles, ou déjà transmuée en écoute sans illusion ni refus, cette rudesse échappe au jugement éthique. Elle est simplement constitutive du poète et de son lecteur.»

Bernard Simeone, préface à « ... Dans le désert du sang »

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" Le recueil de douze nouvelles se termine par l'oeuvre de Jean-Pierre Spilmont, l'Impossible innocence  du monde. C'est un essai d'exprimer l'inexprimable... Le tissu de cette oeuvre est étiré, anguleux. ...Il  complète ce sentiment de  l'incompréhensibilité et de l'imminence effrayante de l'Être - de ce qui nous arrivera à tous un jour. Une énigme qui donne du mal, depuis quelques millénaires, aux poètes, aux prophètes, aux philosophes et aux penseurs de tous temps.Par une oeuvre d'art,  Jean-Pierre Spilmont  a exprimé d'une manière concise ce qui ferait un grand traité chez les philosophes"

Alexandre Lapnev, préface "prose de la haute tension" (traduction Snejana Novikova)   ouvrage bilingue Russe-Français. Irkoutsk 2006

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Jean-Pierre Spilmont nous renvoit à nos efforts désespérés pour oublier notre propre mort à travers 'ces pauvres mots usés, fatigués, déchirés par l'impossible innocence du monde ". Une clarté de passage est un livre de total consentement, à prendre, à recevoir. Un livre d'amour, en somme. Avec juste ce qu'il faut de de retenue pour libérer le regard entre les signes."

       Corinne Robert, Le Matricule des Anges - Juillet 2002

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Jean-Luc Favre, le Chemin de ronde, approche de l'oeuvre poétique de  jean-pierre spilmont, ed. JP Huguet